Il
était une fois : un Centre Bretagne excentrique
Des Bretons nombreux ont quitté le pays pour aller voir ailleurs s’ils pouvaient vivre.
Emigration en France, à Paris en particulier, mais
aussi en province : ardoisières de Trélazé ; campagnes
plus riches où on trouvait du boulot, Normandie, Région Parisienne,
et même dans le Lot sous la direction du curé du village. D’autres
partaient pour les Etats-Unis et le Canada, nos cousins d’Amérique.
Le
phénomène a commencé au 19ème
siècle, s’est poursuivi au siècle dernier et encore de nos jours.
Alors,
déshérité le Centre Bretagne ? Terminée la grande espérance
de 1945 ?
Enfin,
les entrepreneurs bien dans leur temps se pressent à son secours.
Pleins de promesses, les poches pleines de fric, prêts à exploiter
les gisements de ces territoires inutilisés donc inutiles. Comme on
est en pays civilisé, fruit d’une longue histoire, on ne va pas
écobuer comme de vulgaires vilains du Moyen-Age, ça ferait mauvais
genre d’autant qu’il faudra attendre encore un peu avant que le
climat permette d’exploiter les palmiers à huile.
Les
projets, vous les connaissez. Ils font la une de journaux et sont
soutenus par la Région. Une ambition pour la Bretagne : un
cordon littoral bronze-culs et un intérieur à l’abandon où tous
les coups sont permis.
On
sait qu’en France, tout finit par des chansons.
Vous avez remarqué
plus haut : « les lendemains qui chantent ». La
Bretagne y apporte une originalité plus marquée : la chanson
et la danse.
Alors,
chantons et dansons… sur l’air de
Viens Poupoule !
Viens
poupoule, viens poupoule, viens
Du
côté d’Langoëlan
On
accapare des champs
Ah
Viens
poupoule, viens poupoule, viens
On
fera des z’œuros
Et
un Scorff de sale eau
Roule
ma poule, roule ma poule, roule
Du
côté d’Séglien
On
a un vilain grain
Ah
Roule
ma poule, roule ma poule, roule
Un
grand circuit d’enfer
Laissons
pas les faits se faire
Brasse
poupoule, brasse poupoule, brasse
Locmalo
et Persquen
On
lance les éoliennes
Brasse
poupoule, brasse poupoule, brasse
Un
vrai parfum Chanel
Numéro
cent la mer
Un
Petit Journal qui résume tout :
la nouvelle agriculture, le
poulet, le renard et le lion. Qu’aurait dit le fabuliste ?
Sur l’air de la Carmagnole !
« Dansons contr’ la bagnole »
Monsieur Moto s’était juré (bis) / A Séglien de s’faire du blé (Bis)
Mais son coup va manquer / Nous le ferons sauter
Dansons contr’ la bagnole / Vive le son, vive le son
Dansons contr’ la bagnole / A bas le tour de cochon !
Monsieur Auto s’était promis (bis) / De Séglien faire un gâchis (Bis)
Mais son coup va manquer / On va l’faire remballer
Dansons contr’ la bagnole / Vive le son, vive le son
Dansons contr’ la bagnole / A bas le bruit du camion !
Monsieur Moto avait rêvé (bis) / De faire un nouveau Castellet (Bis)
Mais il n’a pas de pot / On ne veut que du beau
Dansons contr’ la bagnole / Vive le son, vive le son
Dansons contr’ la bagnole / A bas la ronde des camions !
Monsieur Totaux s’est parfumé (bis) / Aux particules et au gazole (Bis)
Mais ça pue vraiment trop / Nous c’est oxygène et eau
Dansons contr’ la bagnole / Vive le son, vive le son
Dansons contr’ la bagnole / A bas l’odeur du camion !
Monsieur Moto a comploté (bis) / une pétarade syncopée (Bis)
Mais pas d’ça à Guémené / Vive la liberté !
Dansons contr’ la bagnole / Vive le son, vive le son
Dansons contr’ la bagnole / A bas le tour de cochon !
NDLR : Totaux, pluriel de Total
Sur l’air de « Suez : Suppose qu’on ait d’l’argent »,
chanson de Guy Béart !
Suppose qu'on ait de l'argent
Et qu'on soit intelligent
Pourquoi pas jouer les sirènes
A Locmalo à Persquen
Suppose qu'on ait de l'argent
Et qu'on soit intelligent
Pourquoi pas jouer les sirènes
On s'monterait des éoliennes
On les appell’rait Suroit
A la noix ou bien Noroit
Et là bougre de chacal
Ce serait un vrai régal
On ferait payer EDF
Ça nous ferait un beau bénef
On jetterait des miettes aux gens
On s’ferait beaucoup d’argent
Puis avec ce tas de blé
On s'achèterait ADP.
Mais puisque tout est permis, dans le nouveau monde où nous respirons, voyons encore plus grand ; variante :
Puis avec un autre forban
On s'achèterait le Groenland
Il faudra beaucoup chanter, beaucoup marcher, beaucoup danser sur l’air de la Carmagnole en attendant le « Ça ira ».
NDLR. On aura juste à remplacer « aristocrates » par « technocrates » et si ça boîte d’un pied, on pourra dire « e-technocrates » (prononcez i-technocrates) ; en plus ils seront flattés.
J’espère que ces airs sont musicalement compatibles avec les tonalités celtiques. Ceci n’est qu’un point de vue. Je remercie le blog de me permettre de l’exprimer.
Raymond Hellio
Ne manquez pas non plus « Point de vue » de Christine Sèvres (première épouse de Jean Ferrat). Il me semble toujours d’actualité.
En ce qui concerne Séglien et les éoliennes, les terres bétonnées ne sont jamais rendues à l'agriculture et définitivement perdues. Il faut arrêter de prendre nos terres comme un réservoir sans fin avec des projets personnels. Merci de l'avoir évoqué à votre manière . Quant au poulailler géant de Langoëlan l'article du Canard le définit très bien.
RépondreSupprimerCette actualité est essentielle et aurait dû rester en première page du blog au moins 1 mois et même plus.
RépondreSupprimerLa chapelle sera là dans les siècles à venir et les peintres ne prendront jamais comme modèle le poulailler de Langoëlan
JR