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04/08/2016





RAYMOND LE GUÉNNEC
un des derniers sabotiers du Morbihan
 
UN REPORTAGE PHOTOGRAPHIQUE de GÉRARD GUÉGAN


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TOUT D'ABORD, UN PEU D'HISTOIRE...
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Le sabot fait d'une seule pièce de bois fut prisé des régions rurales en particulier en Bretagne. Seul le sabotier connait l'art de les sculpter, les garnir de cuir, les clouter pour les renforcer. L'origine du sabot est mal connu et les bûcherons en seraient les créateurs. Leur patron, Saint René, évêque d'Angers, serait selon la légende le premier sabotier. Lassé de ce monde, il se serait retiré dans la solitude à Sorrente en Italie vers l'en 440 et façonna les premiers sabots.
Au Moyen-Âge, on trouve mention de fabricants de sabots lors des foires. Son port est alors limité aux bûcherons et aux habitants des régions froides, neigeuses ou argileuses. Le sabot est économique, solide et pratique ; il protège du froid et de l'humidité.
Au XVIIIème siècle, les sabotiers comme les charbonniers vivent aux abords des forêts dans des cabanes qu'ils construisaient sur place. Ils y restent tout ou partie de l'année pour choisir des pièces de bois, les dégrossir et ébaucher la forme. Les plus aisés ont leur échoppe dans le village ; c'est ce qui se généralise au XIXème siècle. Le métier se réglemente alors et les ateliers ont obligation d'être situés à une distance d'au moins une demie-lieue des forêts.
Le sabot connait sa période faste au XIXème jusqu'à la Grande Guerre, puis le déclin s'amorce avec l'apparition des chaussures caoutchoutées. En 1950, la généralisation de l'usage du tracteur pour lequel les bottes sont adaptées, donnera le coup de grâce à cette profession.
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Août 1976
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Gérard Guégan se rend à la loge de Raymond le Guénnec à Keryole à Guémené-s/Scorff. De cette rencontre, il ramènera une série de magnifiques photos expliquant les différentes phases de la fabrication du sabot. Ce reportage est d'autant plus touchant que ce métier n'existe plus et que M. le Guénnec, que beaucoup ont connu, n'est hélas plus de ce monde.
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En entrant dans cet endroit parsemé de sciure et de copeaux, une délicieuse odeur de bois nous envahit.

 
L'atelier est émaillé de vieilles machines étranges, outils, bûches et parsemé de sabots.

 
Des établis réalisés dans des troncs d'arbres donnent une dimension artisanale particulière



Raymond nous montre par exemple d'un morceau de bois de hêtre qu'il taille à coups de hache sur un billot pour donner la forme d'un sabot.
En effet, avant la machine, tout était fait à la main.

 
Le sabot est ensuite affiné avec une grosse lame "le paroir" qui est enclavé dans un gros anneau sur un établi fait main par le sabotier.





 
Le sabot est ensuite fixé dans une vieille machine datant de 1920 "la creuseuse".

 
A gauche un sabot qui sert de matrice, à droite le sabot à creuser.






 
Ensuite , c'est la phase de polissage sur la "ponçeuse gonflable" avec pompe manchon, mise et gonflée sur la machine




 
L'extrémité du sabot est affiné avec le "paroir".





Toujours l'affinage au "paroir"...



... puis, positionné sur l'établi pour creuser (également appelé, chêvre ou bique, ce chevalet tient généralement sur 3 pieds), Raymond affine l'intérieur du sabot avec un "boutoir"...



 
... et une cuiller.







Ce jour-ci, à la loge de Raymond le Guénnec, un groupe d'écoliers lui rend visite. Tout le monde sait que ce métier est voué à disparaître.



Le sabot passe au four afin d'évacuer le maximum d'humidité du bois.





Les sabots sont prêts pour la décoration.

A côté, on peut voir des troncs d'arbres prêts à être débités.Reflet sur l'atelier Deux types de cuiller ... un boutoiret une rainetteRaymond le Guénnec discute avec les étudiants. Les différentes phases de la création du sabot... de la première forme à la dernière. Nous nous rendons maintenant dans sa boutique, rue Emile Mazé.
C'est maintenant la dernière phase : la décoration du sabot est faite avec un petit outil "la reinette décor" qui permet de creuser des sillons et de décorer le sabot. Certains sabots représentent de véritables petits chef-d'oeuvre tels que des visages de chouans.













Nous tenons à remercier M. Gérard Guégan pour sa collaboration
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La famille le Guénnec était une famille de sabotiers
ci-dessous le grand-père Fortune
portrait après un succès lors du Concours de Nantes (1910) 

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Il y eut de grands malheurs autrefois

Journal de Pontivy
14 janvier 1927