17/09/2018



FÊTE de L'ÉCOLE PUBLIQUE
une génération très spontanée


Voilà tout juste 6 mois, nous présentions une série de scènes enfantines de l’école publique des filles, grâce à un improbable « Sésame, ouvre-toi » qui offrait des trouvailles remontant aux années 1920 et 1930. Par bonheur, la source s’avère insensible à la canicule et nous partagerons aujourd’hui un nouveau chapitre.
 Imaginez une carte photo sortie tout droit d’une vieille boîte en carton, légèrement poudreuse et ternie. Au recto, une volée de fillettes vous offrant un sourire radieux ; au dos, une liste de noms écrits de la même main que ceux de l’image exceptionnelle de la classe de Mlle Le Gunéhec (cf. blog).


Le repérage s’en trouve évidemment simplifié car il y a de bonnes chances que l’écolière (ou sa mère) ait adopté le même procédé, en l’occurrence de gauche à droite et de haut en bas.
     
Evidemment, nous ne saurons pas précisément le thème de la saynète, mais le cliché ne manque pas de charme.


Les actrices composent 9 couples : 3 sur les 2 rangées du fond, 2 sur la rangée intermédiaire et, sur le devant de la scène, le couple des nouveaux mariés.
L’habillement suggère une histoire concernant la corporation des meuniers normands. Les « hommes » coiffent le bonnet rayé à pompon, ils portent une chemise claire fermée par un gros nœud souple, une large ceinture caractéristique de la profession, des pantalons sombres et aux pieds des chaussures  qui ne les distinguent pas (et pour cause) de leurs compagnes. Celles-ci se présentent sous le plus bel aspect. La robe aux genoux est ample, sombre, surmontée d’un tablier ; un châle généreux, mêlant dentelle (d’Alençon) et de fines nuances probablement colorées, leur enveloppe les épaules. Mais surtout, les immenses coiffes compliquées surpassent en volume ce qu’on connaît de plus magistral en Bretagne. A mon sens, elles ne relèvent d’aucune localité précise ; les modèles et les variantes ne manquent pas de Granville à Bayeux en passant par Coutances, Vire et Falaise. Je pencherais plutôt pour une création locale, les habiles artisans guémenois assurent probablement la plupart des costumes de fête et même les plus extravagants exhibés dans les mi-carêmes.
Je n’ai encore rien dit du couple phare. Le marié, d’une rare élégance. Seul de la compagnie, il coiffe un gibus, montre une chemise à col et arbore une fleur de lys à sa boutonnière. Que dire du costume strict, des chaussettes blanches et des souliers cirés noirs. Il tient son épouse par le petit doigt ce qui ouvre grand la manche ornée de dentelle de la robe sombre. Le tablier clair présente plus de recherche que celui des compagnes. Elle berce « comme une poupée son gros bouquet de fleurs » modestement ; bas et chaussures immaculées. Sur le côté, assis au premier plan, l’archet baissé, le « violoniste » pince encore les cordes des dernières notes évanouies.

Plus je regarde cette photo plus elle m’interpelle. Avons-nous jamais vu une troupe aussi souriante ? Alors, une plaisanterie du photographe ? Sûrement, elles ne veulent pas le décevoir ! Mais, c’est plus que cela. Manifestement, cette équipe vient de vivre un moment inoubliable. On ressent la joie qui les anime. Le cadre ne présente aucun intérêt, une toile peinte en fond, un banc pour hausser le dernier rang, une double poutre pour le précédent, un plancher pas très net pour les autres, un éclairage incertain. Cette scène conclut toute une aventure tricotée sur de longs mois où les filles ont appris à se connaître mieux, à s’épauler, à s’aider, à s’encourager, à construire une œuvre commune où chacune jouait sa partition.
Que nous importe qu’elles aient chanté « J’irai revoir ma Normandie », « Meunier, tu dors » ou « Marianne s’en va-t-au moulin » ! Ne leur ménageons pas nos applaudissements !
   
« Si elles chantent, c’est qu’elles ont dix ans
Et qu’à dix ans il est bon de montrer
Que tout va bien et vive la liberté ! »
    

Comme à l’accoutumée, nous présentons les actrices par rangées. 
Et, cette fois, nous allons suivre la distribution opérée par la rédactrice, de gauche à droite, et de haut en bas.
     
1
Marthe Carlac, 
2
Marie Joseph Guigueno, 
3
Denise Bédard, 
4
Bernadette Rouillé, 
5
Aimée Chéru, 
6
Denise Le Boulch ;
7
Yvette Coguic, 
8
Anne Marie Le Gall, 
9
Alphonsine Guégan, 
10
Hélène Moroch, 
11
Jacqueline Coguic, 
12
Eugénie Mahé.

13 
Louise Gloux, 
14
Lina Le Nouveau, 
15
Jacqueline Fressette, 
16
Marie Pennec ;
17
Paule Coron, 
18
Yvette Conan, 
19
Denise Couérou.
     
Seulement 8 sur les 19 ont participé à une ou plusieurs scènes du précédent épisode.

Un deux trois Soleil !

Tous nos remerciements à nos enthousiastes correspondantes : Mme Anne Guégan a fourni la copie de la carte photo acquise par Eric Leroux à Orsay ; Mme Faignot a corrigé et complété la liste des participantes, apporté des compléments déterminants au sujet des costumes et de la reconnaissance des meuniers.
Cet épisode nous a permis de retrouver fillette celle qui fut une correspondante du blog jusqu’à son dernier souffle, Eugénie Mahé, à qui nous dédions cet épisode.

1 commentaire:

  1. Un grand merci pour ce site qui allie nos souvenirs, l'histoire , l,humour et quelque chose de plus .
    Madame Gourlet était un puits de mémoire .

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