17/06/2010

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ANDOUILLE de GUÉMENÉ
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environnement
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La chaudière de l'Atelier de l'Argoat a été spécialement fabriquée par l'industriel angevin Cométi. Dans la main gauche d'Alain Fleitour, un déchet, la graisse animale. Dans sa main droite, une huile purifiée, un bio-combustible.

Une andouillerie artisanale de Plélan-le-Grand vient de recevoir le prix de l'environnement au dernier salon Pollutec à Paris. Elle se chauffe aux huiles et graisses animales.
.L'idée n'est pas nouvelle. Il y a plusieurs années, l'École des Mines de Nantes avait fait breveter un procédé de transformation de graisses et huiles d'origine animale en bio-combustible.
Il y avait cependant un... os dans le pâté. Pour que ce combustible soit acceptable par une chaudière, il fallait y incorporer une part d'éthanol, plus inflammable. Difficile, du point de vue de la sécurité, d'obtenir l'autorisation d'exploiter une telle installation thermique, fondée sur un mélange graisse-alcool.
.« Vous n'y arriverez pas, nous disait-on » se souvient Alain Fleitour, dirigeant de Biothermie, la jeune société vannetaise qui s'est attaquée à ce défi scientifique et technique. « Seuls, nous ne serions pas parvenus à résoudre le problème » s'empresse-t-il d'ajouter..
Lional Limousi, un chimiste, spécialiste de la combustion, chercheur à l'Université de Bretagne-Sud à Lorient, s'est penché durant des mois sur ses éprouvettes. L'Ensieta de Brest, qui forme des ingénieurs de l'armement, a prêté ses compétences. La plateforme technologique Prodiabio de Pontivy a fourni le matériel d'expérimentation et de tests. « Cluster West », associations d'entreprises de la filière agro-alimentaire, et le pôle de compétitivité Valorial se sont impliqués. Oséo, l'agence de l'innovation, a prêté de l'argent..
Un effort collectif couronné, en juillet 2009, par le dépôt d'un brevet européen. Biothermie pouvait se targuer d'avoir mis au point, non seulement la formule d'un nouveau bio-combustible sans adjonction d'éthanol, mais aussi un process industriel complet, allant de la récupération de la matière première jusqu'à la chaudière.


Le PETROLE BLANC de l'Ouest

Restait à passer du banc d'essai à l'exploitation. C'est Joël Tingaud, patron de l'Atelier de l'Argoat, une andouillerie de Plélan-le-Grand, en Ille-et-Vilaine, qui dira « chiche ! ». Chez Joël Tingaud, 66 salariés fabriquent, à la main, des andouilles dans la plus pure tradition de Guémené-sur-Scorff. Une activité qui « produit » aussi chaque année 200 tonnes de graisses de chaudins, l'intestin de porc. Des déchets jusqu'à présent peu valorisés..
L'installation, mise en place par Biothermie, les transforme désormais en un bio-combustible propre. L'entreprise a ainsi réduit de 60 % sa facture en énergies fossiles. Une bénédiction à l'heure de la taxe carbone ! « L'Atelier de l'Argoat a aussi considérablement diminué ses rejets en station d'épuration » se félicite Alain Fleitour. La récupération systématique des huiles et graisses a également permis une réduction du nombre des accidents du travail.
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Les graisses animales, un nouveau « pétrole blanc » ? Dans les industries agro-alimentaires de l'Ouest, abattoirs, ateliers de découpe et salaisons, le gisement de cette énergie renouvelable est d'au moins 150 000 tonnes par an, assure Alain Fleitour.
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Jean-Laurent BRASsource Ouest-France


Et vous Guémenois,
qu'en pensez-vous ?
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