05/10/2015




Des nouvelles de BISSON en BRETON


Dans la revue d'actualités et d'informations "YA !" * du 11 septembre 2015 entièrement écrite en breton, 
le Guémenois Hippolythe Bisson fut mis à l'honneur.
Cet article est inspiré de l'ouvrage de Gérard Guégan et de Maryse Hémery
" Hippolythe Bisson, Capitaine du Panayoti "
Éditions Kallimages


Nous offrons ici ce texte aux amateurs de langue bretonne




Traduction de ce texte breton


Hippolyte-Magloire Bisson

Dans un petit jardin public de Lorient, on peut apercevoir une statue de bronze perchée, très haute, sur une colonne. Ce très beau bronze représente l’effigie d’un marin en son uniforme militaire caractéristique, tenant dans sa main droite, une torche d’éclairage. Ce petit jardin public, bordé par les rues Ducouedic, Docteur Waquet et Joseph Rollo, est surélevé d’environ 50 cm par rapport aux trottoirs, au ras d’un mur qui l’entoure. En conséquence il est très difficile de s’approcher de l’écriteau fixé sur le socle de la statue, placée dans un coin de cette élévation, afin de lire les renseignements concernant ce héros. Il est donc nécessaire de faire un petit effort pour savoir que c’est Hippolyte-Magloire Bisson (1796-1827) la personne honorée à cet endroit. En outre il est possible de s’informer sur sa mort épouvantable et courageuse et connaître la raison de sa réputation. Le nom de famille «Bisson» est très connu par les Lorientais car, en plus de la statue, il existe, une école «Bisson»
Ils se rappelent , de la même manière, de l’existence d’une place publique «Bisson» et d’une caserne «Bisson», détruites toutes les deux pendant la deuxième guerre mondiale, mais restées vivantes en leurs mémoires. Le plus étonnant, lorsque sont interrogés ces habitants de Lorient sur les activités de ce matelot, rares sont ceux capables de donner une réponse convenable. La vie de ce marin reste, cependant, pour les gens qui la connaissent, un exemple de très haute bravoure et de courage.
Le 2 Février 1796, une diligence roulait rapidement sur un chemin sinueux et cahoteux du centre Bretagne vers Guémené-sur-Scorff. Dans cette voiture, se trouvait notamment, une jeune femme, enceinte, qui voulait accoucher chez sa mère. Tout à coup, cette diligence fut attaquée par des chouans qui croyaient y trouver, à l’intérieur, un révolutionnaire (français). Sans penser plus précisément, ces chouans tuèrent le cocher et par le bruit qu’ils firent, les chevaux de la voiture s’emballèrent et se mirent à courir n’importe comment avec la jeune femme toujours dans la diligence. Après les émotions très fortes et les secousses importantes endurées par la jeune femme, cette dernière donna naissance, avant de mourir, à un petit garçon qui fut appelé Hippolyte-Magloire Bisson. Ce petit bébé fut confié à sa grand-mère, issue de la haute noblesse bretonne, pour son éducation à Guémené-sur-Scorff. Son père, négociant à Lorient ne pouvait pas s’en occuper.
Hippolyte-Magloire vécut sa tendre enfance à Guémené-sur Scorff et plus tard suivit ses études au collège d’Avranche et à celui de Vendôme jusqu’à l’âge de 13 ans. Pendant ces années d’étude, Hippolyte-Magloire rêva de voyages vers les régions lointaines, de navigations sur les bateaux à voiles, de connaitre le monde. Alors il décida, dès qu’il le put, de s’engager, comme mousse, sur un navire à voiles du port de Lorient, en 1809, pour apprendre le dur métier de marin.
Ensuite, ce garçon fut admis, en 1811, à suivre les cours de «l’école de la mer» qui se tenait à Brest, sur le navire Tourville, afin de se préparer à une formation d’officier de navigation militaire. Après avoir réussi ses études, Hippolyte-Magloire fut nommé aspirant de première classe, en 1815. Ensuite Bisson explora le monde pendant 6 années, au cours de voyages qu’il avait toujours espérés. En 1821 Bisson fut nommé Enseigne de Vaisseau de la marine militaire.
En 1827, les gouvernements Français, Anglais et Russe décidèrent d’aider les dirigeants grecs à libérer leur pays de l’occupation turque, bien que ces derniers ne valaient pas la peine d’être secourus en raison des mauvaises activités d’une grande partie d’entre eux. Dans les nombreuses îles de ce pays se cachaient un grand nombre de bateaux pirates qui semaient le malheur parmi les navires de commerce navigants dans la mer Méditerranée orientale. Il fut donc nécessaire de mettre de l’ordre dans ces lieux en maitrisant la flotte Egypto-Turque d’une part et les entreprises nuisibles de ces pirates grecs d’autre part. A cette époque, Bisson se trouvait sur un des bateaux français qui naviguaient en ces lieux. Au cours d’une de leurs interceptions en mer, les marins français arrêtèrent un bateau grec, douteux, qui s’appelait «Panayoti». Ce navire fut envoyé dans le port le plus proche du lieu de son arrestation après avoir vérifié et s’être assuré des mauvaises actions de son équipage. Ensuite il fallut se rendre dans un autre port pour juger ces criminels et assurer l’avenir du «Panayoti» selon les lois internationales. Pour ce voyage, «Bisson» fit choisi comme commandant du»Panayoti» avec un équipage réduit de 15 marins, 1 officier pilote «Trémintin» et 6 prisonniers grecs attachés à fond de cale. Pendant le voyage, le Panayoti fut pris dans une tempête épouvantable qui le contraignit à aller se protéger dans une anse d’une petite île grecque appelée Stampalie. Au cours de cet arrêt 2 prisonniers réussirent à se dégager de leurs liens et à s’enfuir. A ce moment, Bisson prit conscience du danger que représentaient des derniers, qui connaissaient bien l’effectif du Panayoti, qu’ils avaient la possibilité de renseigner leurs amis et avoir l’intention de reprendre leur bateau aux français. De plus il était impossible pour ce navire de quitter son ancrage et de reprendre la mer en raison du mauvais temps. En effet, dans la soirée, 2 bateaux pirates grecs, à l’attitude menaçante, s’approchèrent de celui de Bisson. Un combat inégal s’engagea entre les quelques marins français et les nombreux pirates grecs qui arrivèrent sans discontinuer sur le pont du Panayoti. Quant Bisson s’aperçut qu’il perdait l’avantage de l’engagement, il donna l’ordre à Trémintin de plonger dans la mer et de se sauver. De son coté, quoique blessé, le commandant du navire français prit une torche éclairante, sauta dans la cale et mit le feu dans la réserve de poudre à canon. Une explosion épouvantable s’ensuivit, tuant Hippolyte-Magloire, bien sûr, et avec lui 80 pirates grecs venus à bord du Panayoti, qui coula dans cet engagement. C’était le 04 Novembre 1827. En apprenant la mort de Bisson, le monde entier fut stupéfait de son geste pour sauver son honneur de marin.Lorsque Bisson comprit, au dernier moment du combat, qu’il perdait tout espoir de changement de situation, il ne lui restait, en vérité, que peu de solutions. Il aurait été tué, sans aucun doute, par des pirates en pleine folie sur le pont de son bateau. Mais pour le destin du Panayoti, Bisson voyait les choses différemment. Il pensa que cela aurait été une faute impardonnable pour le commandant d’un bateau, d’abandonner son navire à ses ennemis, sans tenter toutes initiatives pour éviter un tel déshonneur.
La situation fut résolue de la façon dont Bisson l’avait analysée et réalisée. Le Panayoti n’ira pas avec les pirates grecs et Bisson sera très connu et respecté par ses pairs. On ne peut pas comparer l’agissement d’Hippolyte-Magloire qui dut résoudre rapidement un problème inattendu et les activités des kamikazes actuels qui sont conditionnés, formés et utilisés à des fins de terrorisme par des supérieurs peu scrupuleux.
Trémintin et 4 matelots français survécurent après ce mauvais coup. Ainsi ces derniers purent raconter l’histoire d’Hippolyte-Magloire Bisson et son sacrifice sur le Panayoti.
Merci à Maryse Emery et à Gérard Guégan pour leur livre bien renseigné «Hippolyte Bisson, Capitaine du Panayoti ».
                                                                                       René Jeannès
                                               membre du groupe «Mémoire Vivante de la Construction Navale»






Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire