Des nouvelles de BISSON en BRETON
Dans la revue d'actualités et d'informations "YA !" * du 11 septembre 2015 entièrement écrite en breton,
le Guémenois Hippolythe Bisson fut mis à l'honneur.
Cet article est inspiré de l'ouvrage de Gérard Guégan et de Maryse Hémery
" Hippolythe Bisson, Capitaine du Panayoti "
Éditions Kallimages
Nous offrons ici ce texte aux amateurs de langue bretonne
Traduction de ce texte breton
Hippolyte-Magloire Bisson
Dans un petit jardin public de
Lorient, on peut apercevoir une statue de bronze perchée, très haute, sur une
colonne. Ce très beau bronze représente l’effigie d’un marin en son uniforme
militaire caractéristique, tenant dans sa main droite, une torche d’éclairage.
Ce petit jardin public, bordé par les rues Ducouedic,
Docteur Waquet et Joseph Rollo, est surélevé d’environ 50
cm par rapport aux trottoirs, au ras d’un mur qui l’entoure. En conséquence il
est très difficile de s’approcher de l’écriteau fixé sur le socle de la statue,
placée dans un coin de cette élévation, afin de lire les renseignements
concernant ce héros. Il est donc nécessaire de faire un petit effort pour
savoir que c’est Hippolyte-Magloire
Bisson (1796-1827) la personne honorée à cet endroit. En outre il est
possible de s’informer sur sa mort épouvantable et courageuse et connaître la
raison de sa réputation. Le nom de famille «Bisson» est très connu par les
Lorientais car, en plus de la statue, il existe, une école «Bisson».
Ils se rappelent , de la même
manière, de l’existence d’une place publique «Bisson» et d’une caserne
«Bisson», détruites toutes les deux pendant la deuxième guerre mondiale, mais
restées vivantes en leurs mémoires. Le plus étonnant, lorsque sont interrogés
ces habitants de Lorient sur les activités de ce matelot, rares sont ceux
capables de donner une réponse convenable. La vie de ce marin reste, cependant,
pour les gens qui la connaissent, un exemple de très haute bravoure et de
courage.
Le 2 Février 1796, une diligence
roulait rapidement sur un chemin sinueux et cahoteux du centre Bretagne vers Guémené-sur-Scorff. Dans cette voiture,
se trouvait notamment, une jeune femme, enceinte, qui voulait accoucher chez sa
mère. Tout à coup, cette diligence fut attaquée par des chouans qui croyaient y
trouver, à l’intérieur, un révolutionnaire (français). Sans penser plus
précisément, ces chouans tuèrent le cocher et par le bruit qu’ils firent, les
chevaux de la voiture s’emballèrent et se mirent à courir n’importe comment
avec la jeune femme toujours dans la diligence. Après les émotions très fortes
et les secousses importantes endurées par la jeune femme, cette dernière donna
naissance, avant de mourir, à un petit garçon qui fut appelé Hippolyte-Magloire Bisson. Ce petit
bébé fut confié à sa grand-mère, issue de la haute noblesse bretonne, pour son
éducation à Guémené-sur-Scorff. Son
père, négociant à Lorient ne pouvait pas s’en occuper.
Hippolyte-Magloire vécut sa
tendre enfance à Guémené-sur Scorff et plus tard suivit ses études au collège
d’Avranche et à celui de Vendôme jusqu’à l’âge de 13 ans. Pendant ces années
d’étude, Hippolyte-Magloire rêva de
voyages vers les régions lointaines, de navigations sur les bateaux à voiles,
de connaitre le monde. Alors il décida, dès qu’il le put, de s’engager, comme
mousse, sur un navire à voiles du port de Lorient, en 1809, pour apprendre le
dur métier de marin.
Ensuite, ce garçon fut admis, en
1811, à suivre les cours de «l’école de la mer» qui se tenait à Brest, sur le navire Tourville, afin de se préparer à une
formation d’officier de navigation militaire. Après avoir réussi ses études, Hippolyte-Magloire fut nommé aspirant
de première classe, en 1815. Ensuite Bisson
explora le monde pendant 6 années, au cours de voyages qu’il avait toujours
espérés. En 1821 Bisson fut nommé
Enseigne de Vaisseau de la marine militaire.
En 1827, les gouvernements
Français, Anglais et Russe décidèrent d’aider les dirigeants grecs à libérer
leur pays de l’occupation turque, bien que ces derniers ne valaient pas la
peine d’être secourus en raison des mauvaises activités d’une grande partie d’entre
eux. Dans les nombreuses îles de ce pays se cachaient un grand nombre de
bateaux pirates qui semaient le malheur parmi les navires de commerce navigants
dans la mer Méditerranée orientale. Il fut donc nécessaire de mettre de l’ordre
dans ces lieux en maitrisant la flotte Egypto-Turque d’une part et les
entreprises nuisibles de ces pirates grecs d’autre part. A cette époque, Bisson
se trouvait sur un des bateaux français qui naviguaient en ces lieux. Au cours
d’une de leurs interceptions en mer, les marins français arrêtèrent un bateau
grec, douteux, qui s’appelait «Panayoti».
Ce navire fut envoyé dans le port le plus proche du lieu de son arrestation
après avoir vérifié et s’être assuré des mauvaises actions de son équipage.
Ensuite il fallut se rendre dans un autre port pour juger ces criminels et
assurer l’avenir du «Panayoti» selon les lois internationales. Pour ce voyage,
«Bisson» fit choisi comme commandant
du»Panayoti» avec un équipage réduit de 15 marins, 1 officier pilote «Trémintin» et 6 prisonniers grecs
attachés à fond de cale. Pendant le voyage, le Panayoti fut pris dans une
tempête épouvantable qui le contraignit à aller se protéger dans une anse d’une
petite île grecque appelée Stampalie.
Au cours de cet arrêt 2 prisonniers réussirent à se dégager de leurs liens et à
s’enfuir. A ce moment, Bisson prit conscience du danger que représentaient des
derniers, qui connaissaient bien l’effectif du Panayoti, qu’ils avaient la
possibilité de renseigner leurs amis et avoir l’intention de reprendre leur
bateau aux français. De plus il était impossible pour ce navire de quitter son
ancrage et de reprendre la mer en raison du mauvais temps. En effet, dans la
soirée, 2 bateaux pirates grecs, à l’attitude menaçante, s’approchèrent de
celui de Bisson. Un combat inégal s’engagea entre les quelques marins français
et les nombreux pirates grecs qui arrivèrent sans discontinuer sur le pont du
Panayoti. Quant Bisson s’aperçut qu’il perdait l’avantage de l’engagement, il
donna l’ordre à Trémintin de plonger dans la mer et de se sauver. De son coté,
quoique blessé, le commandant du navire français prit une torche éclairante,
sauta dans la cale et mit le feu dans la réserve de poudre à canon. Une
explosion épouvantable s’ensuivit, tuant Hippolyte-Magloire, bien sûr, et avec
lui 80 pirates grecs venus à bord du Panayoti, qui coula dans cet engagement.
C’était le 04 Novembre 1827. En apprenant la mort de Bisson, le monde entier
fut stupéfait de son geste pour sauver son honneur de marin.Lorsque Bisson
comprit, au dernier moment du combat, qu’il perdait tout espoir de changement
de situation, il ne lui restait, en vérité, que peu de solutions. Il aurait été
tué, sans aucun doute, par des pirates en pleine folie sur le pont de son
bateau. Mais pour le destin du Panayoti, Bisson voyait les choses différemment.
Il pensa que cela aurait été une faute impardonnable pour le commandant d’un
bateau, d’abandonner son navire à ses ennemis, sans tenter toutes initiatives pour
éviter un tel déshonneur.
La situation fut résolue de la
façon dont Bisson l’avait analysée et réalisée. Le Panayoti n’ira pas avec les
pirates grecs et Bisson sera très connu et respecté par ses pairs. On ne peut
pas comparer l’agissement d’Hippolyte-Magloire qui dut résoudre rapidement un
problème inattendu et les activités des kamikazes actuels qui sont
conditionnés, formés et utilisés à des fins de terrorisme par des supérieurs
peu scrupuleux.
Trémintin et 4 matelots français
survécurent après ce mauvais coup. Ainsi ces derniers purent raconter
l’histoire d’Hippolyte-Magloire Bisson et son sacrifice sur le Panayoti.
Merci à Maryse Emery et à Gérard
Guégan pour leur livre bien renseigné «Hippolyte Bisson, Capitaine du Panayoti ».
René Jeannès
membre
du groupe «Mémoire Vivante de la Construction Navale»
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