Les SABLIÈRES de la CHAPELLE de KERLÉNAT
LOCMALO
Une chapelle toute simple en pleine campagne dans le petit hameau de Kerlénat, Notre Dame de Grâce, construite fin XVème, début XVIème siècle, renferme des sculptures sur poutres, dites sablières à l'imagerie fantastique par des créatures animales montrant l'esprit d'un moyen-âge riche en symboles.
Ces sculptures sur charpente sont l'oeuvre d'un artiste anonyme original mêlant les thèmes profanes à cette construction religieuse. Son savoir-faire et son originalité seront une source d'inspiration pour beaucoup d'autres artistes oeuvrant dans notre région.
Entrons dans la chapelle...
et levons les yeux pour admirer ce trésor local
L'édifice est en forme de croix latine.
A l'entrée du transept, on remarque un arc triomphal en tiers-point.
Au fond derrière l'autel
un retable datant du XVIIème siècle
LES SABLIÈRES
Le sculpteur des sablières de Kerlénat montre parfaitement le mélange baroque d'une mythologie présente dans l'esprit populaire d'alors. Parler aujourd'hui de licorne, centaure, sirène ou dragon nous ferait passer pour illuminé. A l'époque il en est autrement. L'évocation de ces sujets fait partie d'un univers poétique retranscrit et accepté par l'Eglise baillleur de fonds des artistes avec la noblesse.
L'artiste s'est-il inspiré de thèmes déjà évoqués dans d'autres chantiers ? Toujours est-il qu'il avait un esprit bien éclairé pour retranscrire de tels sujets. C'est très étonnant.
Les grands voyageurs, tels Marco-Polo et autres, furent aussi à l'origine de cette inspiration artistique. Ces voyages eurent un retentissement considérable en Bretagne malgré l'éloignement et les moyens de communication désuets de l'époque.
Notre artiste de Kerlénat est en cela une énigme. Il est le premier sculpteur de sablières de notre région et sera l'inspirateur de nombreux autres artistes ( voir le Croisty, Lignol, Langoëlan, Ploërdut, Locmalo et bien sûr Crénénan ...).
La charpente
De part et d'autre, sur la droite et la gauche, nous remarquons les sablières, ces poutres horizontales dans lesquelles viennent s'encastrer les éléments de la charpente.
Ci-dessus une de ces poutres transversales venant s'encastrer dans un engoulant à tête d'animal
ouvrant la gueule.
les abouts de poinçon de forme carrée sont tous sculptés en des motifs simples donnant une certaine harmonie ordonnée au lambris.
Regardons dans le détail ces sablières
LES DRAGONS
Le dragon est une créature mythique. Considéré comme un animal aquatique, terrestre – voire souterrain – et céleste à la fois, il crache le feu, réunissant en lui-même les quatre éléments. Il n'est ni bon ni mauvais, il représente le Bien ou le Mal. Gardien d'une caverne ou d'un lieu où se trouve un trésor, la Toison d'or, le Jardin des Hespérides ou une jeune vierge, il est l'épreuve initiatique du héros en quête d'immortalité. Dans l'Apocalypse il est Satan, vaincu lors du dernier combat eschatologique par les anges et les archanges, son anéantissement permettra l'établissement du Royaume céleste.
LES SINGES
Au Moyen-Âge, le singe est le symbole de tout ce qui en l’homme est
dépravé ou inférieur. Bien souvent, l’iconographie médiévale figure, dans le
cortège des rois mages, des singes qui sont conduits à la crèche pour être
présentés au Fils de Dieu, de la même façon que l’homme corrompu par le premier
péché doit être conduit au-devant du Christ pour que sa faute soit rachetée.
Au Moyen-Âge, le singe est un symbole de lubricité,
de concupiscence, de gloutonnerie ou d’impudeur.
LES CENTAURES
Les Centaures, mi-homme mi-chevaux, font partie de la mythologie grecque. Ces créatures sont fortes comme un étalon et possède un caractère d’une incomparable brutalité. Ils adorent boire du vin jusqu’à s’en rouler par terre. Par contre, leurs querelles d’ivrognes vont souvent les pousser à s’entretuer pour des peccadilles. Puisqu’ils n’ont aucune loi ni conduite morale, les centaures aimeront piller les villes et les villages qu’ils rencontrent sur leur passage. Ils enlèvent également des jeunes filles afin de pouvoir les sacrifier à leurs dieux.
LA LICORNE
La licorne médiévale est un symbole de
puissance, qu'exprime essentiellement sa corne, mais aussi de faste et de
pureté. Au Moyen âge
elle est le symbole de pureté. C'est un animal de bon augure. La
licorne concourt à la justice royale, en frappant les coupables de sa corne.
La licorne symbolise aussi, avec sa
corne unique au milieu du front, comme une flèche spirituelle, un rayon solaire
ou l'épée de Dieu, la révélation divine, la pénétration du divin dans la
créature.
LES LÉOPARDS
Le léopard, dans les bestiaire médiévaux, serait en revanche un bâtard imaginaire, dégénéré, issu de l’adultère entre une lionne et une panthère.
Il est symbole de vaillance, de célérité mais surtout de férocité et considéré comme indomptable. Il est avide de sang et mortifère.
LA CHASSE
Au Moyen Âge, la chasse était un privilège de la noblesse et des dignitaires de l'état ou du clergé. La chasse au grand gibier était réservée aux nobles et le petit gibier (lièvres, volatiles) laissé au reste de la population. Certaines zones étaient réservées pour les chasses royales. La chasse était donc un plaisir de gentilhomme.
LA SIRÈNE
Monstre de la mer,
créature hybride, mi-femme, mi-oiseau ou à queue de poisson (tradition médiévale), la
sirène est maléfique, son chant envoûte et fait périr celui qui l’écoute...
Elles séduisaient les navigateurs par la beauté de leur visage et par la
mélodie de leurs chants, puis les entraînaient dans la mer pour s'en repaître.
Au Moyen âge, la sirène à queue de poisson a pris l’apparence d’une jolie jeune femme qui ne charme plus seulement par son chant mais également par son corps aux formes voluptueuses.
Au Moyen Âge
Dieux et Malins sont une réalité quotidienne. Dans la
pensée de l'homme de cette époque le Malin cherche constamment à prendre place parmi nous.
Sa puissance est grande et l'homme ordinaire n'a que peu de ressources pour se défendre de l'action envahissante des forces des ténèbres. On raconte que les Druides et les Sages élaborèrent divers moyens d'actions pour contrer la présence perturbante du Diable. Un de ces moyens fut le Diablotin.
Sa puissance est grande et l'homme ordinaire n'a que peu de ressources pour se défendre de l'action envahissante des forces des ténèbres. On raconte que les Druides et les Sages élaborèrent divers moyens d'actions pour contrer la présence perturbante du Diable. Un de ces moyens fut le Diablotin.
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Certaines poutres moins exposées à la vue sont grossièrement décorées
par des têtes d'hommes et de femmes et ne seraient pas du même sculpteur.
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EN SAVOIR PLUS....
sur les sablières...
ce magnifique livret-guide à disposition
à l'office de tourisme de Guémené-s/Scorff
sur les bestiaires au Moyen-Âge...
cliquez sur l'image ci-dessous
labour kaer ! on n'a pas l'habitude de voir la chapelle de Kerlenat avec un regard aussi affuté, et ça mérite un coup de chapeau
RépondreSupprimersuperbes photos, et descriptions
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