FÊTE de L'ÉCOLE PUBLIQUE
une génération très spontanée
Voilà tout juste 6 mois, nous
présentions une série de scènes enfantines de l’école publique des filles,
grâce à un improbable « Sésame, ouvre-toi » qui offrait des
trouvailles remontant aux années 1920 et 1930. Par bonheur, la source s’avère
insensible à la canicule et nous partagerons aujourd’hui un nouveau chapitre.
Imaginez une carte photo sortie tout droit
d’une vieille boîte en carton, légèrement poudreuse et ternie. Au recto, une
volée de fillettes vous offrant un sourire radieux ; au dos, une liste de
noms écrits de la même main que ceux de l’image exceptionnelle de la classe de
Mlle Le Gunéhec (cf. blog).
Le repérage s’en trouve évidemment
simplifié car il y a de bonnes chances que l’écolière (ou sa mère) ait adopté
le même procédé, en l’occurrence de gauche à droite et de haut en bas.
Evidemment, nous ne saurons pas
précisément le thème de la saynète, mais le cliché ne manque pas de charme.
Les actrices composent 9
couples : 3 sur les 2 rangées du fond, 2 sur la rangée intermédiaire et,
sur le devant de la scène, le couple des nouveaux mariés.
L’habillement suggère une
histoire concernant la corporation des meuniers normands. Les
« hommes » coiffent le bonnet rayé à pompon, ils portent une chemise
claire fermée par un gros nœud souple, une large ceinture caractéristique de la
profession, des pantalons sombres et aux pieds des chaussures qui ne les distinguent pas (et pour cause) de
leurs compagnes. Celles-ci se présentent sous le plus bel aspect. La robe aux
genoux est ample, sombre, surmontée d’un tablier ; un châle généreux,
mêlant dentelle (d’Alençon) et de fines nuances probablement colorées, leur
enveloppe les épaules. Mais surtout, les immenses coiffes compliquées
surpassent en volume ce qu’on connaît de plus magistral en Bretagne. A mon
sens, elles ne relèvent d’aucune localité précise ; les modèles et les
variantes ne manquent pas de Granville à Bayeux en passant par Coutances, Vire
et Falaise. Je pencherais plutôt pour une création locale, les habiles artisans
guémenois assurent probablement la plupart des costumes de fête et même les
plus extravagants exhibés dans les mi-carêmes.
Je n’ai encore rien dit du couple
phare. Le marié, d’une rare élégance. Seul de la compagnie, il coiffe un gibus,
montre une chemise à col et arbore une fleur de lys à sa boutonnière. Que dire
du costume strict, des chaussettes blanches et des souliers cirés noirs. Il
tient son épouse par le petit doigt ce qui ouvre grand la manche ornée de
dentelle de la robe sombre. Le tablier clair présente plus de recherche que
celui des compagnes. Elle berce « comme une poupée son gros bouquet de
fleurs » modestement ; bas et chaussures immaculées. Sur le côté, assis
au premier plan, l’archet baissé, le « violoniste » pince encore les
cordes des dernières notes évanouies.
Plus je regarde cette photo plus
elle m’interpelle. Avons-nous jamais vu une troupe aussi souriante ? Alors,
une plaisanterie du photographe ? Sûrement, elles ne veulent pas le
décevoir ! Mais, c’est plus que cela. Manifestement, cette équipe vient de
vivre un moment inoubliable. On ressent la joie qui les anime. Le cadre ne
présente aucun intérêt, une toile peinte en fond, un banc pour hausser le
dernier rang, une double poutre pour le précédent, un plancher pas très net
pour les autres, un éclairage incertain. Cette scène conclut toute une aventure
tricotée sur de longs mois où les filles ont appris à se connaître mieux, à
s’épauler, à s’aider, à s’encourager, à construire une œuvre commune où chacune
jouait sa partition.
Que nous importe qu’elles aient
chanté « J’irai revoir ma Normandie », « Meunier, tu dors »
ou « Marianne s’en va-t-au moulin » ! Ne leur ménageons pas nos
applaudissements !
« Si elles chantent, c’est qu’elles ont dix ans
Et qu’à dix ans il
est bon de montrer
Que tout va bien et
vive la liberté ! »
Comme à l’accoutumée, nous
présentons les actrices par rangées.
Et, cette fois, nous allons suivre la
distribution opérée par la rédactrice, de gauche à droite, et de haut en bas.
1
Marthe Carlac,
2
Marie Joseph Guigueno,
3
Denise
Bédard,
4
Bernadette Rouillé,
5
Aimée Chéru,
6
Denise Le Boulch ;
7
Yvette Coguic,
8
Anne Marie Le Gall,
9
Alphonsine
Guégan,
10
Hélène Moroch,
11
Jacqueline Coguic,
12
Eugénie Mahé.
13
Louise Gloux,
14
Lina Le Nouveau,
15
Jacqueline
Fressette,
16
Marie Pennec ;
17
Paule Coron,
18
Yvette Conan,
19
Denise Couérou.
Seulement 8 sur les 19 ont
participé à une ou plusieurs scènes du précédent épisode.
Tous nos remerciements à nos
enthousiastes correspondantes : Mme Anne Guégan a fourni la copie de la
carte photo acquise par Eric Leroux à Orsay ; Mme Faignot a corrigé et
complété la liste des participantes, apporté des compléments déterminants au
sujet des costumes et de la reconnaissance des meuniers.
Un grand merci pour ce site qui allie nos souvenirs, l'histoire , l,humour et quelque chose de plus .
RépondreSupprimerMadame Gourlet était un puits de mémoire .