IL ÉTAIT DEUX FOIS dans l'OUEST-FRANCE
Le
journal des petites annonces
Région
Bretagne : perdu un million de mètres carrés de poulaillers.
Forte récompense à qui les rapportera.
S’adresser au journal qui
transmettra.
A
propos d’une interview rapportée par Ouest-France, 26 9 19*
Le commun des
mortels, n’ayant suivi que le modeste cursus de l’école
obligatoire, ne connaît de mètre
carré que l’unité de
surface. Quand il recherche un appartement, ça lui sert à estimer
les besoins de sa famille et à en évaluer le coût.
Il apparaît
qu’en Région Bretagne, on raisonne autrement dans les poulaillers.
Un peu de la manière suivante. Supposons que l’on crée une
structure d’accueil pour des stages de formation en faveur de nos
jeunes pousses footballistiques. Disons une agréable résidence de
20 m sur 50 m (1000m2),
de plain-pied, sobre mais tout confort : air conditionné comme
au stade olympique de Doha (Qatar), télévision dans toutes les
pièces de vie, casque à musique, smartphone dernier cri, salle de
muscu, staff d’entrainement, pardon de coaching, staff médical,
etc. Bien entendu, terrain de 100 m sur 100m (10 000m2),
où les équipes feraient chaque jour leurs deux mi-temps
réglementaires de 45 minutes. En langage poulailler, cette couveuse
se verrait ainsi créditée de 11 000 mètres carrés. On notera
que le nombre de personnes vivant dans la structure n’est pas
précisé.
Eh bien, même
reproche dans l’article, il manque aux mètres carrés leur
équivalent « poules ».
Est-ce donc
la même chose qu’une poule dispose en résidence confinée d’un
espace vital de 1m2 ?
de 10m2 ?
Est-ce la même chose si elle partage son m2
avec 9 congénères ? Ou plus encore ?
A partir de
100m2
par volaille, on est carrément dans le comique des poules pondeuses,
auxquelles on offre des séances théâtrales, et qui font le buzz
sur internet ; une Bretagne de rêve pour Roxane
et ses compagnes, film salué
par le quotidien régional.
Ça, c’est
du cinéma. Ici il s’agit de tout autre chose, du sérieux
Si sérieux,
pourquoi les promoteurs de poulaillers industriels s’abstiennent-ils
de donner l’équivalent en poules du fameux m2,
perdu ou à créer ? Idem, l’équivalent en exploitations
disparues du million de m2
perdus ? Idem encore le détail en exploitations
moyennes, familiales, credo de
la Région Bretagne selon son président ?
Et, tant qu’on y est, le
rappel des mesures proposées par ladite Région pour les sauver au
temps du naufrage.
Questions
subsidiaires:
Combien
d’exploitations moyennes
et familiales
sont incluses dans les projets de Néant-sur-Yvel et de Langoëlan ?
Quel est le montant de l’effort financier consenti par la Région ?
Ainsi chacun pourra apprécier la réalité du credo.
Enfin, quel
est l’impact environnemental du projet ? air, eau, odeurs,
pollutions, transports ?
Après quoi,
on pourra peut-être sainement juger si la Bretagne montre le chemin.
Creux ?
Autre chose
que de pourfendre un pays de l’Union Européenne à propos du
bien-être animal et des conditions de travail ! Comme si la
Bretagne était un modèle en la matière : ah Dieu !
veaux, vaches, cochons, couvées… Et, pour ne froisser personne, on
laissera passer Noël avant d’évoquer le foie gras et le confit de
canard, tout sauf une spécialité polonaise.
A part ça
l’article n’oublie (presque) personne : le président est
cité, le terme pragmatique aussi, mot de passe obligé des porteurs
d’encens du pouvoir. Tout va donc pour le mieux, la Région
Bretagne sous la République en marche a largué les amarres et
taille la route. Rien de commun avec le régime absolu de Louis XIV
et de son ministre Colbert (fondateur de la Compagnie des Indes
Orientales). Le Conseil Régional se porte candidat pour conduire les
répartitions de l’argent de la Pac (Politique agricole commune)
qui s’appuie sur deux piliers comme une solide et fière équipe de
rugbymen. Sapristi ! Nos Bleus ont changé de couleur !
Le
journal des Grandes Annonces
« Les
gens doivent faire confiance aux agriculteurs », estime Nicole
Le Peih...
et pointe du doigt les consommateurs schizophrènes.
Dois-je
faire confiance aux agriculteurs ?
Ouest-France 13 oct. 2019
Ouest-France 13 oct. 2019
Oh, ça
remonte à loin, au mois d’octobre 1950. Je me souviens de mon
frère âgé de 12 ans, occupé à remplir son sac des châtaignes
tombées en bordure d’un champ en jachère. Un grand escogriffe de
paysan lui est tombé sur le poil, lui a passé une avoine et a
confisqué le sac qui devait bien contenir 3 kilogrammes de marrons
sans compter les poignées d’herbes aux lapins.
Par contre,
une autre exploitante nous autorisait à fouiller sous les feuilles
mortes de sa châtaigneraie après qu’elle eût gaulé ses
châtaignes greffées.
La même nous
permettait de glaner les épis de blé perdus sur les champs
moissonnés. Et nous offrait un verre de cidre quand nous rentrions
fourbus d’une piquante équipée de cueillette de mûres le long
des chemins ou d’une récolte de pommes de pins.
Tout ça,
c’était avant le remembrement. Aujourd’hui, depuis le dos
craquelé du Val sans Retour en Brocéliande, on aperçoit les
rondeurs moutonnantes de Taupont. Pour un peu, avec un bon drone, on
pourrait suivre le serpentin de la rivière Yvel et, évidemment,
suivre au plus près dans l’étang au Duc de Ploërmel
l’harmonieuse progression du ballet aquatique des algues bleues.
La
question n’est pas de savoir si on fait confiance ou pas aux
agriculteurs. La question est tout à la fois de leur permettre de
vivre correctement en exploitant leurs terres sans pesticides, et de
fournir aux consommateurs des produits authentiques, sains et
goûteux.
Je suis un consommateur schizophrène
Au marché,
je vois ces fruits : rouges, verts, noirs, ronds, ventrus,
allongés (pas encore carrés mais ça viendra) qui ressemblent à
des tomates mais qui n’en ont ni l’odeur ni la saveur.
Laissez-les
au soleil sur le balcon, ils ne muriront pas. Moins de fantaisie côté
nectarines, même punition. Fléchage poubelle.
Je
suis un consommateur schizophrène
J’achète
des endives, un kilogramme par semaine. Cuites, le trognon central
devient à peu près comestible. Surtout avec du gratin. Il paraît
qu’on hybride l’endive et le tournesol (lui-même OGM). Sûrement
des racontars de jaloux malveillants !
Je
suis un consommateur schizophrène.
J’aime la
compote de pommes faite maison. Je craque pour les belles reinettes
rouges à l’étalage, 5, un gros kilogramme. Avant de les éplucher,
je les ouvre en deux : 3 sur 5 sont blettes de l’intérieur.
Je
suis un consommateur schizophrène.
Comment
ne pas succomber aux fraises si renommées de Plougastel ? En
plein mois d’août, une nouvelle variété, chic ! des
gariguettes ! Ah ! La garrigue bretonne ! Sur
l’assiette, elles présentent de belles formes et je peux même en
faire des compositions comme avec des jouets en plastique pour bébés.
Aucune saveur.

Sucrons,
sucrons énergiquement nos fraises de Plougastel ! Ajoutons-y de
belles giclées de crème Chantilly ! On peut aussi les
accommoder avec du poivre. Je n’ai pas osé le sel de Guérande !
Je
suis un consommateur schizophrène.
Je ne
consomme plus de crêpes de blé noir depuis que j’ai vu décongeler
devant mes yeux une pâte qui ressemblait à la pâtée au son qu’on
servait aux cochons dans les fermes d’autrefois.
Je
suis un consommateur schizophrène.
J’ai
abandonné les petits beurres LU de mon enfance et tous les autres
biscuits de la marque qui utilisent l’huile de palme. Je m’autorise
seulement les derniers réfractaires : les Lulu à la framboise.
Je
suis un consommateur schizophrène.
J’ai la
nostalgie du lait caillé que nous préparions à partir du lait
fourni tout chaud de la traite. Les yaourts fruités me font penser à
des pots de peinture.
Un éleveur
montagnard m’a expliqué dans son langage fleuri comment il est
contraint de vendre ses agneaux au Maroc depuis que les productions
australiennes « élevées au milk » cassent les prix et
envahissent le marché européen.
Je
suis un consommateur schizophrène.
Il parait,
mais que ne dit-on pas, que les cochons bretons s’offrent le voyage
en Italie et nous reviennent sous forme de jambon de Parme. Il faudra
que j’essaie le mariage avec le Camembert breton, de quoi épater
les copains. S’ils n’aiment pas, je pourrais toujours leur servir
un poulet de Langoëlan fourré aux châtaignes du Portugal ;
avec beaucoup d’épices et de curry, ils n’y sentiront que du
feu ! Et certainement pas le goût des châtaignes du Pénety !
Je
suis un consommateur schizophrène.
J’adore la
route qui relie Josselin et Pontivy. Surtout l’automne, à la nuit
tombée, quand il pleut. Une bonne demi-heure de paysages lugubres
qui renvoie aux Hauts de Hurlevent, yeux de chats brillant comme des
braises, frissons garantis comme dans les montagnes russes de Luna
Park. Il se murmure que cette départementale sera concédée à
Vinci (ne pas confondre avec Léonard) à charge pour cette société,
« acteur mondial des métiers de la concession » de
la moderniser, donc de la péager.
Je
suis un consommateur schizophrène.
En fait, je
suppose qu’à Pontivy c’est comme partout en France (voir « des
Racines et des Ailes »). On doit bien trouver de bons
restaurateurs privilégiant les produits authentiques du terroir et
de la mer. Du moment qu’on met le prix ! Peut-être même un
fana des étoiles et de la Haute Cuisine Française, type Marcellin
Duprat que Romain Gary met en scène dans son livre « Les
cerfs-volants ». Mais je suppose que son Alice conseillera à
Madame la députée cet ouvrage. On y trouve aussi la réflexion
suivante « Le comique a une grande vertu : c’est un lieu
sûr où le sérieux peut se réfugier et survivre ».
Je
suis un consommateur schizophrène.
Je remercie
Mme Nicole Le Peih de son diagnostic (lire le titre *). Ce qui me mine et qui m’obsède,
c’est qu’il pourrait germer dans un de ces esprits fragiles,
perturbés, disons le mot malades du cerveau, l’idée de la
poursuivre en justice pour exercice illégal de la médecine. Trop
drôle, non ? Il est vrai qu’elle ne nous a pas fait payer la
consultation ! Toujours autant de gagné pour la Sécurité
Sociale…
A main
gauche, les schizophrènes (nous), les autistes (Greta et les jeunes,
insolubles dans le pragmatisme et soupçonnés d’être
instrumentalisés) et les pauv’ cons (les mêmes et quelques autres
mais en version Sarko) ; à main droite les gens de goût, le
regard fixé sur leur smartphone, CAC40, actualité saignante entre
deux tartines de publicité sourire enjôleur et guide shopping. On
s’en fout de la Planète bleue ! On va avoir la 5G. On pourra
endormir les poules avec les nocturnes de Chopin et les réveiller en
imitant le chant du coq (un lointain cousin pas encore génétiquement
modifié).
COCORICO !
Comme un
retour au temps candide de notre petite enfance. Quand nos amies les
bêtes donnaient de la voix…
… et
savaient se faire entendre, mettant en fuite les indésirables.
Je remercie
le blog de Guémené de bien vouloir diffuser cette chronique.
Raymond Hellio
*
L’article 1.
Agriculture.
La Bretagne veut gérer elle-même toute la Pac
(Ouest-France), le 26 Sept. 2019 à 16 h 38)
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Merci Raymond un premier novembre qui sort de la grisaille et pour l'apérétif
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JR