Chacune
sur son 31...
Deux
jours auparavant, vers midi et demi, une auto Torpédo se rangea sur
la place de l’église dans un nuage de poussière et un teuf-teuf
assourdissant. Le chien jaune étendu pour sa sieste daigna lever le
cou et eut un mouvement sec pour chasser d’un coup de dent la
mouche qui taquinait son oreille puis, rassuré sans doute sur la
nature de l’intrusion, reprit son somme comme si de rien n’était.
Une
fois le moteur apaisé, trois individus s’extirpèrent du véhicule
et descendirent le matériel. Tandis que l’opérateur chef agençait
sa chambre photographique sur le trépied support, les deux jeunes
acolytes, portant chacun une sorte de fanion, se mirent à courir
vers la face sud de l’église, côté ouest. Le premier ajusta le
sien au niveau du pilier. Le second y accrocha l’anneau de sa
chaine d’arpenteur et reprit sa course vers l’extrémité-est de
l’église ; il s’arrêta pile 50 mètres plus loin et planta
sa balise. Pendant ce temps, le photographe avait assuré la
stabilité de son appareillage ; il siffla un bon coup et,
levant le bras au ciel, d’un geste énergique leur commanda de
tenir l’immobilité parfaite. Puis il enfouit sa tête sous le drap
noir de la chambre et examina scrupuleusement les événements au
travers de son optique.
Ça clochait un peu. Le carré de
l’hypoténuse du triangle rectangle était bien égal à la somme
des carrés des deux autres côtés, aucun doute là-dessus ;
c’était donc le sommet du triangle isocèle qui péchait. L’homme
jura brutalement à l’adresse du chien ; celui-ci répliqua
gentiment en agitant son fouet trois fois, marque évidente de
sympathie mais, manifestement, il n’entendait pas bouger. Résigné,
le maître déplaça sa toto et trouva enfin le vrai point
d’équilibre qui lui permettait de capter la totalité du champ
photographique que délimitaient les deux jeunes tenant leurs fanions
comme des hallebardes. Il sortit une tête réjouie de son capuchon
noir et sa bonne humeur retrouvée m’incita à l’aborder.
Très
poliment, je lui demandai le pourquoi de cette cérémonie. Il
répliqua en un très fort rire syncopé: "Ah !
Ah ! Ah ! " Cet appel déclencha en réaction un
nouveau battement de fouet de la part du chien.
Il
faisait chaud, il faisait très soif. « Venez prendre un canon
ou un bock avec moi au bistrot, je vous raconterai tout ». Le
chien applaudit à sa façon, se leva en baillant et, tout guilleret,
nous ouvrit le chemin.
Nous
voici donc tous installés dans l’ombre et la fraîcheur de
l’auberge. Les gamins commandent des diabolos, l’un choisit
menthe l’autre grenadine, et ils sortent les cartes ; on
n’entend plus que leurs rires sauf quand ils empiffrent leurs
crêpes. Félix
et moi (je dis Félix,
mais en fait je ne lui ai pas demandé son nom), nous devisons, les
bocks succédant aux canons, le tout accompagné des solides tranches
que nous découpions allègrement dans la pièce de lard servie avec
la miche de pain frais et la motte de beurre mises à notre
disposition.
« Comment,
me dit-il, vous ignorez que Séglien
s’apprête à recevoir le plus magnifique défilé de gala de
l’année ? Après-demain, à peu près cette heure,
s’assemblera ici un immense bouquet des fleurs qui auront marché
le long des routes et chemins creux dans le frais matin bleu. Toutes
les dames et demoiselles invitées au grand mariage qui se célèbrera
ici, dans l’église ; orgue à l’unisson et cloches à la
volée. »
Et
moi, bêtement : « il n’y aura pas d’hommes ? »
" Bien
sûr que si ! Mais vous ne lisez donc pas les journaux ?
Vous sauriez que le gouvernement a décidé, après mure réflexion,
d’exonérer de la taxe de luxe les tabliers, écharpes et châles
faisant partie du costume breton féminin. Mais il persiste à
vouloir taxer le chapeau breton. Vous imaginez le tollé ! En
réaction, il se chuchote que nos fiers Pourleths ont décidé de ne
plus porter que le melon afin de dénoncer à la face du monde cette
atteinte au patrimoine ! Soutenus en cela par nos députés
qui ont déposé une vive protestation. »
Il me sortit de sa
poche, un vieux journal froissé qu’il m’invita à lire.
Il
disait vrai. Et je lançais une couenne au chien jaune qui frétilla
de plaisir en me faisant des yeux tendres.
« Mais
pourquoi Séglien ?
Plutôt que, je ne sais pas, moi, Guémené, par exemple. »
« Décidément ! »
Il farfouilla longtemps dans son immense vareuse. Il en extrayait
toutes sortes de choses insolites, des brins de tabac, un mouchoir à
carreaux blanc et violet, une boite de pastilles Pulmoll, un tube
d’aspirine entier, un flacon de cognac entamé, un peigne qui
n’avait plus toutes ses dents, une tranche d’andouille qu’il
gardait en guise de porte-bonheur, un roman de Simenon sans
couverture, une sardine quiberonnaise en tôle qui lui servait de
tournevis, des bouts de ficelle, des allumettes, que sais-je encore !
Enfin, bien caché entre deux billets de 20 francs à l’effigie du
chevalier Bayard, un article crasseux de l’Ouest Républicain,
qu’il me tendit : « Tenez ! Lisez ça, et
vous comprendrez tout ! » Ce disant, il se leva de table,
réclama l’addition, qu’il me glissa discrètement, et rameuta
son monde.
Nous
avons levé l’ancre et hasardé nos pas chaloupés sur la mer de
sable de la place de l’église. Après un dernier salut, je
regardais tristement l’auto Torpédo lâcher ses joyeuses pétarades
tandis que les enfants me faisaient des démonstrations d’amitié.
Je n’ai même pas noté s’ils partaient en direction de Guémené
ou de Cléguérec.
Fidèlement
accompagné du chien qui m’avait à la bonne, je parcourais le
chantier. Je notais les trois points de repérage que Félix avait
marqués au sol et, regardant l’église, je devais en convenir, son
croquis respectait les théorèmes de la géométrie euclidienne et
les lois de l’optique géométrique.
En
attendant le grandiose mariage, il ne restait plus qu’à me plonger
dans l’ouest républicain et découvrir l’article recommandé par
mon ami.
Vous
comprendrez que l’exemplaire était bien défraichi, aussi, je vous
le livre, tout frais retapé de L’Ouest Républicain, daté du 2
mai 1926.
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Il
est, dit-on, autant d’îles dans le golfe du Morbihan que de jours
dans l’année. A mon tour je me permets d’écrire que les coiffes
qui palpitent dans toute la Bretagne sont aussi nombreuses que les
étoiles qui piquent la voute céleste dans les belles nuits. Je n’ai
pas ici l’intention de les passer toutes en revue. Mon attention ne
se fixera que sur une d’entre elles : la coiffe pourlette. Je
ne la comparerai point à ses sœurs que mon chauvinisme,
diriez-vous, pourrait déprécier à dessein.
Chacun
loue les choses qui lui sont chères. Quant à moi, sorti des
tréfonds du pays pourlet, je me complais à dire aujourd’hui
quelques mots aimables sur la coiffe des femmes de ma région. Eve en
ouvrant les yeux pour la première fois se couvrit aussitôt les
cheveux d’une feuille de palmier. Grâce à Dieu, l’industrie a
fait depuis d’immenses progrès, et les filles lointaines, très
lointaines d’Eve, du pays pourlet, ont la grande satisfaction de
remplacer la feuille de palmier par de la dentelle.
Cette
coiffure au complet comprend deux pièces totalement distinctes :
la coiffe et le béguin. La coiffe proprement dite, panache candide,
qui est pour ainsi dire le point final de la parure féminine
bretonne : une plaque de dentelle de la largeur de la main,
s’étendant sur le plat de la tête ; sur chaque côté une
aile rejoignant l’autre sur le devant. Les deux ailes ne forment
qu’une seule pièce. Sur les deux coins du devant, une petite
cornette. Le béguin n’a rien de particulier.
A
quelle époque ce genre de coiffure a-t-il fait son apparition chez
nous ? Je ne le sais pas. Je peux simplement vous dire pour vous
donner une idée de son ancienneté que ma mère l’a portée dès
son jeune âge, ma grand-mère aussi, ainsi que ma bisaïeule. Et
j’ai vingt ans. Malheureusement il n’existe point d’Annales
pour vérifier que nos ascendants d’au-delà en portaient.
La
coiffe pourlette a subi plusieurs évolutions. J’ai été témoin
de l’une d’elles. Le fond de la coiffe, au lieu d’être en
dentelle comme maintenant, était infailliblement en vieux coton
blanc, tout ridé comme le front des vieilles qui la portaient. Les
ailes étaient presque toujours en tulle. Il fallait être fille ou
femme de « minour » pour les avoir en dentelle. Mais je
ne sais quelle vague d’amour-propre et de prospérité a passé sur
le monde qui fait qu’actuellement riches ou pauvres veulent se
« denteler ». Oui Mesdames, et cette dentelle de Suisse
fait fortune en dépit du change douloureux pour nos caisses. Mais
les machines ont beau faire des merveilles, même en dentelles, elles
n’arrivent pas à égaler en grâce et en inventions, les mains de
nos fées bretonnes qui brodent jour et nuit ces merveilleux dessins
pour une somme modique. Le dos de la coiffe est alors tantôt orné
d’oiseaux qui s’envolent dans l’azur, tantôt de fleurs qui
peuvent rivaliser en beauté avec les fleurs des champs. Il en est de
même des ailes.
Pour parler techniquement, quel est le centre manufacturier des coiffes pourlettes ? Il y a deux centres qui se font concurrence : Guémené et Séglien. La vieille cité des Rohan a été longtemps le principal point d’attraction des belles de notre région. Le jeudi surtout, jour de foire, il s’y distribuait des coiffes en nombre égal, disaient les vieux, aux poils des animaux vendus sur la place. Mais depuis déjà quelque temps, c’est Séglien qui l’emporte. Il est là une artiste qui sculpte les coiffes comme on ne l’a jamais fait. Elle a la passion de son travail. Son art fait des chefs-d’œuvre et ces chefs-d’œuvre parachèvent la beauté de nos gracieuses bretonnes. Silfiac, Langoëlan, Ploërdut, Locmalo, etc., voilà les clients de Séglien. Je suis heureux de m’apercevoir que la coiffure de mon pays ne perd rien de sa puissante vitalité. Le stupide chapeau des villes n’a eu, jusqu’à présent, aucune prise sur elle. Intrus, il serait chassé comme un coureur de grand chemin. Si j’étais poète, autant j’exalterais l’une, autant je flétrirais l’autre. La coiffe pourletaine est « toute poésie » comme dit la chanson. Symbolique elle l’est. Point nécessaire d’avoir l’imagination hugolienne pour donner à ce bijou un sens vraiment surprenant. Il est blanc. Quoi de plus magnifique ? On vante tant la blancheur des neiges et des lis. Diaphane, ajouré comme le clocher du Kreisker. Ailé, surtout cela. Actuellement on a tant besoin d’ailes, les ailes du rêve pour se soustraire aux lourdes préoccupations qui vous tiennent rivés au sol, d’ailes pour voir plus que le commun, pour se griser d’azur et d’espace. Les deux petites pointes de l’avant, défenseurs comme les cornes du bélier. Elles symbolisent la retenue de nos femmes bretonnes. C’est tout un poème. Il est regrettable que la « Marie » de Brizeux n’ait pas porté la coiffe pourlette. Souvent dans nos pardons locaux, j’ai vu une foule de femmes. On eut dit qu’une armée de goélands s’était abattue sur leur tête. Tout cela frémissait au vent. C’était la Bretagne saine qui tremblait d’émotion.
Fleurs écloses près d’elles,
Dîtes-leur qu’elles sont belles.
O Gounod ! Viens reprendre ton clavier pour célébrer ces goélands de dentelle qui planent sur mon pays.
Cette coiffe a été présentée à plusieurs concours, particulièrement à
Nantes, je crois. Elle a toujours eu grand succès.
Voilà ! Vous en savez autant que moi.
Attendons voir les événements et
espérons qu’il fera beau temps.
Ah ! Il est un rien collant,
ce chien !
Pour
vous faire patienter, une image du temps passé, bien avant la guerre
de 14-18, un modeste mariage à la belle époque. Vous noterez que
tous les participants, du plus grand au plus petit portent le costume
local. On observe quelques nœuds papillon marque de fantaisie très
commune.
Ce
matin-là, on vit de tous côtés converger vers le bourg une foule
immense, qui en voiture à cheval, qui en groupe marchant et
chantant. La mariée, quant à elle, disposait du concours d’une
automobile ; arrivée bien avant l’heure pour la cérémonie,
quelque part dans une maison, on mettait la dernière main à sa
toilette. Dans cette famille de confortable aisance, les filles
s’ingéniaient à peindre elles-mêmes sur le velours de superbes
glycines ce qui ne manquait pas d’éblouir les petites filles
admiratives ; certaines s’en souviennent encore !
Le
photographe arriva sur la place pendant la célébration canonique du
mariage. Il gara sa voiture et déballa le matériel de prise de vue.
Ce fut un jeu pour lui de retrouver ses repères. Comme Lucky Luke
(première période), il s’en roula une tranquillement et se mit à
fumer en attendant la sortie du cortège. Bien entendu, je ne
manquais pas de le saluer. Il me demanda des nouvelles du chien comme
s’il faisait partie de ma famille. Mon démenti le désarma. Ah !
Cependant,
les événements se précisaient. Pas seulement à cause de la
sonnerie des cloches mais par l’affluence de tous les mômes du
bourg, essentiellement des garçons d’ailleurs. Ils applaudirent
les mariés, surtout le marié quand il dispersa une poignée de sous
percés sur lesquels ils se ruèrent comme une volée de poulets
accueille la fermière dans la basse-cour. Ils suivirent un peu le
mouvement puis, en échangeant quelques horions pour la répartition
des places, ils allèrent se percher sur le muret qui retient le
reste de cimetière accroché au mur de l’église, attentifs, l’œil
en alerte, casquette ou béret vissé sur le crâne.
Maintenant
le cortège se déploie sur la place dans un certain tourbillon, on
se salue, on fait connaissance, on s’est connu, on s’est perdu de
vue, on s’est reconnu ; les langues s’activent, comment
dit-on déjà, ah oui, on bat du plat de la langue, et les
conversations vont bon train. On se croirait près d’une ruche tant
ça bourdonne.
Mon
ami Félix se rapproche des autorités et l’on délègue aussitôt
quelques éclaireurs pour ordonner le ballet. Lui-même joue le rôle
du metteur en scène. Les mariés et les parents proches formeront la
tête du cortège, etc. ; la suite répond à des critères qui
me dépassent, un protocole quasi royal. Je me régale des
mouvements, les lignes qui ondulent, se dispersent, se referment,
dans le plus chatoyant décor de couleurs. Je me récite la formule
du barde à propos des coiffes, une armée de lents goélands
papillonnant au vent. Et les messieurs ? Tous en costume de
ville, trois pièces cravate et chapeau mou, sauf trois fidèles au
chapeau rond à brides. Une révolte, vraiment ? Plutôt un
formatage. Félix m’aurait-il bourré le mou !
Quand
l’affaire fut dans le sac, je veux dire les plaques photos, je
rejoignis Félix qui remballait. La question de la mise en scène me
turlupinait et je m’en ouvris à l’homme de l’art.
« Pourquoi
donc présenter ainsi les participants ? Au spectacle, les
acteurs principaux, en particulier le couple vedette, saluent les
spectateurs depuis le centre de la scène, les autres formant une
sorte de haie d’honneur ou de chœur. On retrouve également
cette pratique dans bon nombre de photographies de mariage à la
campagne et même en ville où on utilise des gradins. »
« Vous
ne comprenez donc rien ! Il s’agit d’un défilé de gala,
présentation de tenues. Construire
une pyramide, vous n’y pensez pas ! On ne verrait que celles
du premier rang. Sans compter le travail pour planter un échafaudage
devant supporter plus de 80 personnes. Alors que là, chacune pourra
revoir sur mon cliché le mariage dans sa globalité et en même
temps évaluer, admirer sa toilette, et comparer aux autres. Mais,
rassurez-vous, il y aura un autre cliché genre pièce montée dans
la cour de la ferme, après le repas. »
J’avais
encore des tas de questions, en particulier celle des chapeaux mous
mais Félix monta dans sa Torpédo, lança le démarreur et, opérant
un époustouflant virage sur l’aile, il me salua gentiment de la
main. Kenavo !
La
noce envolée dans un tourbillon de couleurs, les gamins en allés à
la maison, je me retrouvais seul en scène. J’allais battre en
retraite quand un compagnon fidèle, le chien jaune, vous l’aviez
deviné, vint à moi, s’allongea pour la sieste et agita son fouet,
trois fois, naturellement, comme pour me consoler et me rappeler la
vanité des choses.
Sans
doute, j’avais rêvé. J’avais oublié cette histoire quand,
récemment, je reçus un cadeau, une photographie de mariage breton
du pays de Guémené. L’image, un long format 9 X 23 cm, était un
peu terne, fanée comme une églantine passée de saison. Jugez, la
voici :
Mais
suffisante pour raviver les souvenirs.
Genre poil à gratter, rien ne
vaut les graines de l’églantier.
Je
reconnus immédiatement l’église de Séglien
et ses deux colonnes extérieures bien reconnaissables (voir la photo
Guéranne, plus haut). Après quoi, il convenait de dérouler les 50
m de cortège.
Réduit
à moi-même, j’aurais sorti une statistique banale concernant les
participants à la noce : 36 hommes, dont seulement trois
aficionados du chapeau rond à guides, tous les autres en costume de
ville ; 41 femmes, dont une perdue en tenue de citadine ; 5
enfants, dont une seule en costume breton. A cette énumération,
ajouter 32 gamins sur le muret du cimetière et, égaré, un brave
homme en casquette. Autrement dit, la
couleur locale, le
spectacle, la fantaisie, la créativité, ce sont les 40 femmes et
jeunes filles qui les apportent.
Qui
donc pouvait mieux éclairer notre lanterne que des observatrices
sachant dire les coiffes, les jupes, les tabliers, les dessins, les
velours, les satins, les dentelles, sachant fixer une époque à un
détail, « le tablier blanc c’était avant le mariage de ma
mère », capables de reconnaître la mariée aux manches de sa
robe.
Déroulons
donc le ballet. On essaiera de présenter les groupes en conservant
une certaine homogénéité, tant pis si certains personnages
réapparaissent plusieurs fois.
A
tout seigneur… Nous commencerons par la tête de cortège comme il
se doit. Mais les surprises sont ailleurs…
Première éclaircie
d’image.
Scène
1, les mariés et la garde rapprochée,
demoiselle et garçon
d’honneur, parents, les musiciens et les enfants de chœur.
La
plupart un peu figés. L’émotion, sans doute !
Idem,
en essayant de préciser les portraits.
Mais, c’est illusoire, ça
manque de netteté de ce côté.
Suite
1, un premier bouquet de jolies toilettes artistement travaillées,
parentes ou amies encadrées par une grand-mère
et un homme comblé
(il a deux cavalières).
Après
les jeunes filles, des femmes de responsabilités et un jeune homme
égaré.
Où
l’on s’attarde sur deux superbes toilettes qui méritent le
détour…
… et
les suivantes, avant de découvrir la dame de la ville,
un peu
dépassée par la farandole des rosaces, des arabesques et des fleurs
exubérantes.
Suite
2, les motifs se multiplient, fleurs, lierre, faisceau d’épis de
blé, raisins…
… et puis,
des parures plus modestes en décorations (du moins au degré de
résolution graphique)
mais qui ne préjugent en rien de la qualité
des étoffes.
Suite
3, la fin du cortège, elle aussi, comme l’entame, mal servie par la photographie.
Les images sont plus brouillées mais certains motifs rappellent ceux qui ont le plus ébloui.
A part l’heure, midi cinq, on ne sait rien sur le temps qu’il
faisait ce jour-là à Séglien.
Pas la moindre ombre, pas d’arbre pour estimer la saison. Le
photographe a fait de son mieux dans un travail difficile (je ne
connais pas d’autre exemple d’un si long cortège pris de cette
manière). Je suppose que chacune des participantes a apprécié son
image.
Les
hommes ont bien supporté le chapeau mou. Ce n’était pas, comme je
l’espérais un acte de rébellion contre la mesure gouvernementale,
mais une évolution dont on peut suivre les étapes tout au long des
années 20 et 30. Les hommes ont d’abord quitté la blouse, puis
les jeunes ont progressivement adopté des tenues à « la mode
de Paris » et de Pontivy. Et ceci pour des raisons multiples :
émigration massive vers la capitale et les grandes villes ;
musique et danses traditionnels perdant du terrain face aux rythmes
nouveaux relayés par la TSF et les phonographes, cinéma américain
et ses héros, etc. Plus sensibles à la tradition et aussi plus
impliquées dans le travail de couture et de confection des habits,
les filles et les femmes résisteront jusqu’à l’immédiat
après-guerre.
Une
statistique toute simple portant sur les mariages et même sur la
mi-carême de Guémené, établirait facilement une chronologie avec
des variantes ville / campagne. La substitution progressive des
sonneurs au profit de l’accordéoniste accompagne le phénomène
vestimentaire ; là aussi avec des variantes tenant sans doute,
au talent ou à la disponibilité des musiciens, mais aussi à
l’opinion des mariés.
En
guise de conclusion :
Les
lectrices et lecteurs pourront commenter les tenues présentées et,
pourquoi pas, établir un palmarès. On pourrait rapprocher des
images présentées sur le blog à l’occasion de la fête de
l’andouille 2018.
Le
sujet mériterait un développement et nous faisons appel à toutes
celles et tous ceux qui pourraient proposer des photographies de
noces quelle qu’en soit la commune.
Nos
remerciements chaleureux à nos fidèles correspondantes,
Mmes
Faignot et Guégan,
qui
fournissent les images et apportent leur éclairage précieux sur les
documents.
Bravo mais le trouble des visages m'intrigue
RépondreSupprimerBonne remarque. J’ai flouté les visages légèrement sur les agrandissements, concession faite aux descendants des mariés. C’était ça ou la version « Rendez-vous manqué à Séglien » qui se serait conclue aux deux images intégrales du cortège. Or, pour moi, l’intérêt majeur de l’histoire portait sur l’éclat des tenues féminines.
SupprimerJ’ai respecté le sentiment exprimé, d’ailleurs très fréquent, comme je le fais toujours.
Peut-être aurais-je dû m’en expliquer en post-scriptum ? C’est fait !
Raymond Hellio