La chapelle SAINTE CROIX de PLÉLAUFF
et son jubé d'exception
Situé en bordure de la forêt de Quénécan, dans le département des Côtes d'Armor, le bourg de Plélauff se situe en pays "Pourlet" tout comme sa voisine Mellionnec. En haut du village de situe une chapelle méritant une visite...
Cette chapelle de grande taille datant de 1485, de forme rectangulaire, aurait été édifiée en utilisant des pierres du château de Coatrivallan aujourd'hui disparu. Elle fut restaurée au 19ème siècle.
On l’appelle Notre dame de la Croix, probablement de part la scène de la crucifixion au-dessus du jubé qui orne l'intérieur :
Marie et Saint Jean entourant le Christ.
Ce jubé du XVIè siècle séparait clergé et fidèles :
Conservée dans la liturgie orientale, cette tradition du jubé a été depuis longtemps abandonnée par l’Eglise catholique, la construction de jubés en Bretagne s’arrêtant au 16ème siècle. Malgré cela la Bretagne conserve de nombreux jubés dont la plupart, comme celui-ci, ont été restaurés. Le jubé est une tribune et une clôture de pierres ou de bois séparant le chœur liturgique de la nef. Il tient son nom du premier mot de la formule latine « Jube domine benedicere » (Daigne Seigneur me bénir) qu’employait le lecteur avant les leçons de matines ou des complies (J. Le Biavant).
Il est exceptionnel par la frise, située au dessous de la poutre de gloire, représentant les 7 péchés capitaux en polychromie, sous le trait d'animaux (la paresse de l’escargot, la gourmandise du cochon, l’envie du serpent…) et de nombreux détails sculptés à même le bois.
En entrant dans la chapelle les panneaux peints représentant les sept péchés capitaux nous amènent à revoir le catéchisme d’avant Vatican II. Au fait, combien de péchés capitaux réussiriez-vous à citer ? Le chapitre 45 du catéchisme de 1938 introduit cette notion par la parabole du bon grain et de l’ivraie (Matthieu 13), nous rappelant qu’en nous, les défauts sont mêlés aux qualités. Insistant sur la notion de péché, très présente à l’époque, l’ouvrage nous signale que les péchés capitaux sont ceux qui sont à la source de tous les autres (J. Le Biavant).
Ces illustrations naïves des 7 péchés capitaux du jubé sont uniques en Bretagne.
Regardons les d'un oeil amusé.
Un premier panneau nous met en garde de ce qui pourrait vous arriver
si vous détenez tous les vices représentés par les 7 péchés capitaux...
L'ORGUEIL
Le paon est de tous les volatiles celui qui a l’air le plus orgueilleux. Cet oiseau a, du reste, toujours passé pour le type d’une sotte vanité surtout lorsqu'il fait la roue. Ne dit-on pas "Orgueilleux comme un paon" ?
L'AVARICE
Les croyances religieuses et populaires mènent la vie dure aux crapauds enflés, pustuleux est considérés comme l'animal laid par excellence . Cette créature dite diabolique incarnerait le péché et donc l'avarice. Mais n'oublions quand même pas que le crapaud nous débarrasse des insectes et limaces et ce, sans pesticide.
LA LUXURE
On attribue aux boucs l’attribut de la fécondité, mais il est aussi traditionnellement l’image même de la luxure avec ses cornes puissantes et sa barbe développée. Il allie en une seule image vice et vénalité. Au XVIème siècle, toute relation sexuelle hors mariage relevait de la luxure.
L'ENVIE
En Occident, il est courant de parler, à propos des serpents, de l’envie, de la calomnie, voire de langues de vipère L’envie est ici représentée par un serpent à la langue et à la queue en forme de dard. Son regard très agressif, laisserait penser un désir avide de s’emparer du bien d’autrui.
LA GOURMANDISE
Dans la religion chrétienne, le cochon était autrefois associé au démon , et comparé à un goinfre et lubrique. Aussi, cette mauvaise image du cochon reste encore aujourd'hui ancrée dans les esprits. La gourmandise avait autrefois la réputation d’éloigner l’homme de Dieu. Les formes les plus dangereuses étant alors l’ivrognerie et l’alcoolisme.
LA COLÈRE
La colère symbolisée par le lion : c’est un mouvement désordonné vers la violence. Ce péché capital a un pouvoir perturbateur, physiquement visible qui peut transformer l’homme en bête. Pourtant, le lion est aussi considéré comme le roi des animaux, symbolisant le courage et l’énergie " être fort, se battre comme un lion".
LA PARESSE
L’escargot est inévitablement l’attribut de la paresse ; son extrême lenteur à se mouvoir s’applique aux tempéraments fainéants : ce péché engourdit le corps et l’âme et éloigne l’homme de Dieu. En revanche, selon Jacqueline Kelen, écrivain, spécialiste des mythes, « L’escargot symbolise une spiritualité fondée sur le retrait et la patience. Dans la sculpture romane, on le retrouve parfois en haut des colonnes. En effet, l’escargot adhère au sol mais peut s’élever vers le ciel, rappelle la dimension du temps et évoque les vertus du silence, de la prudence et du recueillement. »
Maintenant que vous êtes avertis... et que vous ferez attention ....
Je pense que vous mériterez le Salut.
Le jubé fut classé au patrimoine en 1938
Dans le choeur de la chapelle...
...on peut voir une statue de Notre Dame, une Vierge à l’enfant en bois polychrome du 16ème siècle.
L’enfant tient dans sa main un oiseau, la Vierge entourant l’enfant de sa main gauche.
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