LE DORDU
LANGOËLAN
Le Dordu (quel drôle de nom !) est un lieu de balade bien agréable où il fait bon traîner toute l'année au gré des heures de la journée et des saisons. C'est un havre de paix qui réconcilie avec la nature ...
Voici une invitation à la promenade magnifiée par les vers du grand écrivain-poète Jean Racine...
Que c’est
une chose charmante
De voir
cet étang gracieux
Où, comme
en un lit précieux,
L’onde
est toujours calme et dormante !
Mes yeux,
contemplons de plus près
Les
inimitables portraits
De ce
miroir humide ;
Voyons
bien les charmes puissants
Dont sa
glace liquide
Enchante
et trompe tous les sens.
Déjà je
vois sous ce rivage
La terre
jointe avec les cieux,
Faire un
chaos délicieux
Et de
l’onde et de leur image.
Je vois
le grand astre du jour
Rouler,
dans ce flottant séjour,
Le char
de la lumière ;
Et, sans
offenser de ses feux
La
fraîcheur coutumière,
Dorer son
cristal lumineux.
Je vois
les tilleuls et les chênes,
Ces
géants de cent bras armés,
Ainsi que
d’eux-mêmes charmés,
Y mirer
leurs têtes hautaines ;
Je vois
aussi leurs grands rameaux
Si bien
tracer dedans les eaux
Leur
mobile peinture,
Qu’on ne
sait si l’onde, en tremblant,
Fait
trembler leur verdure,
Ou plutôt
l’air même et le vent.
Là,
l’hirondelle voltigeante,
Rasant
les flots clairs et polis,
Y vient,
avec cent petits cris,
Baiser
son image naissante.
Là, mille
autres petits oiseaux
Peignent
encore dans les eaux
Leur
éclatant plumage :
L’œil ne
peut juger au dehors
Qui vole
ou bien qui nage
De leurs
ombres et de leurs corps.
Quelles
richesses admirables
N’ont
point ces nageurs marquetés,
Ces
poissons aux dos argentés,
Sur leurs
écailles agréables !
Ici je
les vois s’assembler,
Se mêler
et se démêler
Dans leur
couche profonde ;
Là, je
les vois (Dieu ! quels attraits ! )
Se
promenant dans l’onde,
Se
promener dans les forêts.
Je les
vois, en troupes légères,
S’élancer
de leur lit natal ;
Puis
tombant, peindre en ce cristal
Mille
couronnes passagères.
L’on
dirait que, comme envieux
De voir
nager dedans ces lieux
Tant de
bandes volantes,
Perçant
les remparts entrouverts
De leurs
prisons brillantes,
Ils
veulent s’enfuir dans les airs.
Enfin, ce
beau tapis liquide
Semble
enfermer entre ses bords
Tout ce
que vomit de trésors
L’Océan
sur un sable aride :
Ici l’or
et l’azur des cieux
Font de
leur éclat précieux,
Comme un
riche mélange ;
Là
l’émeraude des rameaux,
D’une
agréable frange,
Entoure
le cristal des eaux.
Mais
quelle soudaine tourmente,
Comme de
beaux songes trompeurs,
Dissipant
toutes les couleurs,
Vient
réveiller l’onde dormante ?
Déjà ses
flots entrepoussés
Roulent
cent monceaux empressés
De perles
ondoyantes,
Et
n’étalent pas moins d’attraits
Sur leurs
vagues bruyantes
Que dans
leurs tranquilles portraits.
Jean
Racine
Lettre à Mademoiselle Vitart
Lettre à Mademoiselle Vitart
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire